Équateur : la CIDH et le RELE condamnent les graves actes de violence commis par le crime organisé

17 janvier 2024

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Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et son Bureau du Rapporteur spécial pour la liberté d'expression (RELE) condamnent les graves actes de violence commis par le crime organisé en Équateur et informent qu'ils continueront le suivi de la situation des droits de l'homme dans le pays.

Ces dernières années, le crime organisé a menacé la sécurité des citoyens et la démocratie dans le pays. Les indicateurs reflètent une augmentation considérable du taux d'homicide, l'aggravation et la dégradation de la violence dans les prisons et la résurgence de la violence politique liée au trafic de drogue, que la CIDH a qualifiée dans le passé d'atteinte à la démocratie et à l'État de droit. Dans ce cadre, entre le 8 et le 9 janvier, une nouvelle escalade terroriste qui a débuté à l'intérieur des centres pénitentiaires a été signalée. Au moins six prisons ont signalé des mutineries au cours desquelles au moins 139 agents de l'État ont été pris en otage. À l'extérieur des prisons, des violences et des explosions ont été constatées, dont une près de la résidence du président de la Cour nationale de justice.

La ville de Guayaquil a été particulièrement touchée ; les violences y ont fait au moins 8 morts et de nombreux blessés. En outre, un groupe armé a fait irruption dans les locaux de la chaîne TC Televisión et a menacé de mort les employés lors d'une émission en direct. La Police nationale a mené une opération rapide pour protéger la vie et l'intégrité physique des personnes menacées et a appréhendé les responsables. Au cours de l'attaque, un caméraman aurait été blessé par des coups de feu tirés par le groupe armé. Le ministère de la défense et le ministère du gouvernement ont également mis en place un dispositif de sécurité pour protéger les personnes se trouvant à l'intérieur de TC Televisión. La police a fait état d'autres opérations de lutte contre la violence dans d'autres régions du pays.

En réponse, l'exécutif a décrété l'état d'urgence : tout d'abord, pour cause de troubles intérieurs graves. Ensuite, il a qualifié la situation de conflit armé interne, identifié les groupes du crime organisé comme terroristes et ordonné aux forces armées de lancer des opérations militaires, en vertu du droit humanitaire international et du respect des droits de l'homme. Les deux décrets sont sous le contrôle de la Cour constitutionnelle. La CIDH continuera le suivi de la situation des droits de l'homme tant que ces décrets seront en vigueur.

Ces dernières années, la criminalité organisée a exacerbé la violence qui menace la sécurité, la stabilité et la gouvernance démocratique des États, entrave leur développement et empêche la jouissance des droits de l'homme des personnes placées sous leur juridiction. Cette violence s'exerce également à l'encontre des journalistes et des médias, restreint la liberté d'expression et empêche la société d'être informée sur les questions d'intérêt public.

La CIDH et le RELE condamnent la violence, expriment leur solidarité avec le peuple équatorien et exhortent l'État à enquêter, poursuivre et punir tous les faits avec diligence. En outre, ils reconnaissent la profonde inquiétude que ces événements suscitent au sein de la population équatorienne et réitèrent leur volonté de coopérer avec l'État pour que les normes interaméricaines soient intégrées dans les mesures adoptées pour garantir la sécurité des citoyens, l'État de droit et la protection des journalistes. Dans les situations d'exception institutionnelle, il est essentiel de garantir la pleine diffusion de l'information. L'État doit fournir des garanties aux journalistes pour qu'ils puissent exercer leur travail en toute sécurité et sans crainte de représailles ; les autorités sont appelées à condamner toute attaque ou intimidation à leur encontre.

En dernier lieu, la CIDH et son Bureau du Rapporteur apprécient l'importance accordée par les États de la région aux récents événements survenus en Équateur. Ils exhortent l'Organisation des États Américains à continuer de porter une attention particulière à la situation de la violence engendrée par le crime organisé transnational et à son impact sur la démocratie, l'État de droit et les groupes en situation de vulnérabilité historique.

La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.

No. 017/24

3:55 PM